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Vignobles, vin et société

Published on 23 May 2017 - Updated 06 November 2017

De la vigne au commerce du vin

La fortune des vins de Loire n’est pas due aux seules dispositions de ses terroirs. Très tôt exploitée par les commerçants, la proximité de la Loire représente malgré les péages un atout majeur pour le transport. Ce phénomène contribua au développement de toute une vallée. 

Le vignoble angevin notamment connaît un véritable essor sous l’impulsion d’Henri II Plantagenêt, comte d’Anjou mais surtout roi d’Angleterre. Les vins de Loire sont alors connus bien au-delà de leurs terroirs. 

L’utilisation de la Loire pour le transport des vins est  très ancienne. A la fin du XVIème siècle à Sully sur Loire par exemple le vin représente un cinquième du total du trafic marchand. 

La commercialisation des vins de Loire est très tôt influencée par les marchands hollandais. Grâce à leur flotte, ils maîtrisent les exportations de la côte française en direction de l’Angleterre et des Pays nordiques. Ils s’implantent très en amont sur la Loire, où ils imposent leurs méthodes commerciales, parfois au détriment de la qualité du produit. 

En 1642 l’ouverture du Canal de Briare de Loire en Seine provoque un changement radical. Le flux commercial s’inverse brutalement, prenant la direction de Paris alors que vers Nantes il diminue. Ce phénomène touche les régions de Blois et d’Orléans qui fournissent alors plus de 50% du vin de la capitale. Progressivement, au XVIIIe, l’aire d’approvisionnement pour Paris s’agrandit jusqu’en Touraine, vallée du Cher et Saumurois. Ce frêt est lucratif et la vigne devient le revenu presque exclusif de villes comme Blois et Beaugency. 

Pourtant jusqu’à la Révolution de nombreux péages jalonnent le parcours (120 à la fin du XVIème et 39 à la veille de leur suppression). Ils sont un frein pour le commerce et une source de conflits mais un encouragement pour la qualité. Seuls les produits à forte valeur ajoutée peuvent les subir sans dommage commercial. 

Ainsi  la vigne a-t-elle contribué à créer une société progressiste, précocement évoluée. Le commerce du vin est un exercice qui relève de la pratique de la ville, lieu d’échange, participant donc au développement urbain de la vallée de la Loire. 

Une production artisanale

Part importante de l’activité agricole, professionnalisation rapide du secteur, production artisanale de qualité et vente directe sont les caractéristiques principales du vignoble du Val de Loire. 

Le vignoble du Val de Loire occupe une place très importante dans l’activité agricole à l’échelle du bien inscrit. Il représente environ 20% de la surface de la centaine de communes viticoles du site. Sur un territoire densément peuplé (119 hab/km2 en 1851, 279 en 1999), on dénombre ainsi entre Angers et Blois 3500 exploitations, 40 négociants et 16 caves coopératives travaillant sur plus de 6100 hectares de vignes. 

Le vignoble du Val de Loire est principalement tourné vers la qualité. 75% de sa récolte est constitué de vins d’appellation qui occupent ¾ des surfaces exploitées. Le Val de Loire (dans sa totalité de l’Auvergne à l’estuaire) est le 3e vignoble producteur de vin d’appellation en France. 

La vente directe au départ des exploitations et notamment auprès des particuliers est caractéristique du Val de Loire. Ce mode de mise en marché, qui représente 35% de l’ensemble des ventes, est aussi un mode de relation de proximité avec les producteurs et avec les terroirs. 

« Trop de vieux derrière moi se sont courbés, se sont baissés toute la vie pour accoler la vigne. Avec cet osier rouge tendre brun que l’on vend au marché, cueilli, coupé des bords de la Loire. Cet osier flexible (…) à l’extrémité de couleur de plus en plus ardente (…) Ils disaient (…) : j’va travailler la vigne. Tout ce qu’on faisait à la vigne s’appelait travailler. Excepté toutefois vendanger parce que c’est la récompense et le gain, qui s’appelait faire la vendange. Et bien qu’on y attrape de rudes courbatures, ce n’était censément pas travailler. C’était la plus grande fête chômée de l’année religieuse et civile. » 

- Charles Péguy (1873-1914), La France 

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