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Un habitat populaire
Published on 23 May 2017
Historiquement et socialement, le « troglo » a toujours été un habitat d’opportunité, dévalorisé par rapport au bâti, qui est plus apte à marquer le rang de son occupant. Du XVIIème jusqu’au XXème siècle, il devient très majoritairement un habitat pour les classes les plus pauvres.
Dès qu’ils en eurent les moyens, les troglodytes ont délaissé leur cave originelle pour faire bâtir leur demeure. En effet les habitats troglodytiques sont bien souvent des plus précaires. Généralement pourvu d’une unique salle, la présence de mobilier est rare jusqu’au XIXème siècle. Se limitant au lit et à la table, tout le reste était si possible taillé dans les parois rocheuses de l’habitat.
Ces maisons creusées étaient encore occupées, il y a peu, par de vieux troglodytes, conservant ce mode de vie rustique. Ces habitants ont continué à y résider pour des raisons traditionnelles, ayant toujours habité là, ou pour des questions de pauvreté. A cause des risques et par manque d’entretien, certains quartiers sont devenus de véritables taudis, ce qui explique l’image souvent négative qu’en avait la population locale.
Le nouveau confort des habitats de surface et la pression continue d’une société majoritairement étrangère à ce mode de vie ont poussé nombres de troglodytes hors de leurs maisons souterraines. Certains cependant parvinrent à adapter leur habitat au modernisme, en construisant devant leur cave une maison, c’est la maison semi-troglodytique.
« (…) Puis de Vouvray jusqu’à Tours, les effrayantes anfractuosités de cette colline déchirée sont habitées par une population de vignerons. En plus d’un endroit il existe trois étages de maisons, creusées dans le roc et réunies par de dangereux escaliers taillés à même la pierre. Au somment d’un toit, une jeune fille en jupon court à son jardin. La fumée d’une cheminée s’élève entre les sarments et le pampre naissant d’une vigne. (…) Une vieille femme, tranquille sur un quartier de roche éboulée, tourne son rouet sous les fleurs d’un amandier, et regarde passer les voyageurs à ses pieds en souriant de leur effroi. Elle ne s’inquiète pas plus des crevasses du sol que de la ruine pendante d’un vieux mur dont les assises ne sont plus retenues que par les tortueuses racines d’un manteau de lierre. Le marteau des tonneliers fait retentir les voûtes des caves aériennes. (…) »
- Honoré de Balzac, La Femme de trente ans, 1831.
« Entre autres excursions, j’ai parcouru à cheval les rives de la Loire jusqu’à Saumur (…) Là où les collines de calcaire tombent perpendiculairement sur la vallée, elles présentent le plus singulier spectacle d’habitations inhabituelles car un grand nombre de maisons sont taillées dans la pierre blanche et dotées d’une façade maçonnée ; des trous sont creusés pour les cheminées, si bien qu’on repère parfois l’emplacement des maisons à la fumée qui s’élève de la colline. Ces maisons-cavernes sont quelques fois étagées les unes au dessus des autres. Certaines, qui ont des petits bouts de jardins, sont charmantes. En général, les occupants en sont propriétaires, mais beaucoup sont louées pour 10, 12 ou 15 livres par an. Les gens avec qui je me suis entretenu semblaient satisfaits d’habitations qu’ils disaient agréables et confortables (…) »
- Arthur Young, Voyages en France, 1887
« Si vous gravissez un coteau hérissé de raisins, une petite fumée vous avertit tout à coup qu’une cheminée est à vos pieds ; c’est que le rocher même est habité, et que les familles de vignerons respirent dans ses profonds souterrains, abritées dans la nuit par la terre nourricière qu’elles cultivent laborieusement pendant le jour. »
- Alfred de Vigny, Cinq-Mars, 1826
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