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La mémoire des crues
Published on 23 May 2017
Le XIXe siècle a vu la succession de crues dévastatrices. 1846, 1856 et 1866 ont marqué durablement les esprits des ligériens.
1846 : La Loire détruit un quartier entier de la ville de Roanne, où on enregistre le plus fort débit connu: 4 900 m3/s.
1856 : Du bec d’Allier à Nantes, la Loire a fait, dans les levées, 160 brèches d’une longueur totale de 23 km, inondé 100 000 hectares, détruit 2750 hectares de terres de culture par ensablement et 400 hectares par érosion. Elle a détruit les ponts de Fourchambault, Cosne et Sully, ainsi que les levées d’accès aux ponts de Saint-Thibault, Meung, Beaugency, Muides et Port-Boulet. Elle a noyé 98 km de voies ferrées inutilisables pendant 12 jours dans le val d’Authion. Tours a de nouveau été inondée.
1866 : Un cinquième de la pluie annuelle tombe en 3 jours sur le quart du bassin versant de la Loire. Cette crue est sur l’Allier presque aussi forte que la précédente. La Loire moyenne a atteint en général les mêmes niveaux qu’en 1856, sauf entre Blois et Langeais où elle se tient 1m au-dessous (Tours n’a pas été inondée). Les brèches dans les levées sont à peu près les mêmes qu’en 1856, en particulier celles de Jargeau (la ville est dévastée), Montivault, Saint-Lambert-des-Levées.
Le 4 juin 1856, la Loire rompt la grande levée de Tours à Angers, à La Chapelle-sur-Loire. En quelques heures, la petite ville est emportée par les flots :
« En huit heures de temps, de quatre heures à midi, le mercredi 4 juin, ce bourg disparaissait entièrement ; il n’en restait debout que l’église et quelques maisons, à chaque extrémité : les murs du cimetière écroulés ; les tombes brisées, et laissant les corps et leurs débris à la cîme des arbres ; cinquante deux maisons entièrement détruites sans qu’il en restât aucune trace…un sol fouillé, labouré, effondré à de si grandes profondeurs que la terre végétale a disparu et se trouve remplacée par une épaisseur de un mètre de sable ou de gravier (…) Il fut impossible d’empêcher de se former deux ou trois brèches, ainsi qu’un gouffre immense, d’une profondeur de 14 mètres, qui a entraîné la ruine entière de cette commune importante, qui comptait 3200 habitants (et qui, deux ans plus tard,) n’en compte plus que 249. »
Rouillé-Courbe, Inondations du département d’Indre-et-Loire, 1846-1856
« Longtemps encore sans doute, c’est à 1856 qu’il faudra remonter pour rencontrer l’image la plus complète et la plus puissante de ce que peut être une grande inondation dans la vallée de la Loire, …
… On n’en connaît qu’une seule, celle de 1856, qui ait été capable de rompre la levée aussi bien en amont de Nevers qu’en aval des Ponts-de-Cé. »
- Roger Dion, Géographie du Val de Loire, 1931
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