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Prolonger et rehausser les levées

Published on 23 May 2017

A partir des bases médiévales, les levées de la Loire ont régulièrement fait l’objet de travaux parfois très importants d’allongement et de rehaussement.

Le renforcement des levées sur la Loire correspond historiquement à trois objectifs : se protéger des inondations, rendre plus de terres cultivables et favoriser la navigation en contraignant le fleuve dans un espace déterminé. Les travaux sur les levées furent et demeurent constants. Néanmoins, on peut distinguer des grandes étapes dans cette entreprise. 

A la fin du XVIIème, l’œuvre menée par Colbert est déterminante et l’exécution de l’ensemble des travaux publics au bord du fleuve relève désormais de la mainmise complète et définitive de l’Etat. Son but  n’est pas l’élaboration d’un nouveau système de levées, mais la consolidation sur place de celui qui existe. Leur rôle principal est d’améliorer la navigabilité de la Loire en resserrant les eaux dans un espace étroit. Le vieil usage de construire sur les levées est condamné. Elles deviennent des ouvrages nus et uniformes, destinées à servir de route publique. 

Au début du XVIIIe siècle la question est de savoir s’il faut conserver ou supprimer les déchargeoirs, pratiqués depuis 1711 dans la vallée moyenne de la Loire. Des demandes parvinrent à partir de 1733  au gouvernement royal réclamant leur suppression. La plupart reçurent satisfaction sous l’administration de Trudaine. 

L’endiguement de la Loire devient alors plus rigoureux et plus imprudent qu’il n’avait jamais été. C’est le début de l’ère contemporaine de l’histoire des levées, faisant subir au fleuve un fort régime de contraintes maintenu intact jusqu’en 1866. Cette surélévation des levées, aggravant la violence avec laquelle les eaux étaient libérées dans le Val une fois parvenues au bout de la digue, nécessita leur prolongement dans la deuxième moitié du siècle. 

L’exhaussement des levées atteint jusqu’à 22 pieds au-dessus des basses eaux mais laisse le lit endigué impuissant à contenir les grandes crues. L’œuvre accomplie au XVIIIe siècle a donné à l’endiguement de la Loire sa physionomie presque définitive. 

« Douce quand il lui plaît, quand il lui plaît si fière » 

… 

(La Loire) ravagerait mille moissons fertiles, 

Engloutirait des bourgs, ferait flotter des villes, 

Détruirait tout en une nuit : 

Il ne lui faudrait qu’une journée 

Pour lui voir entraîner le fruit 

De tout le labeur d’une année, 

Si le long de ses bords n’était qu’une levée 

Qu’en entretient soigneusement : 

Dès lors qu’un endroit se dément, 

On le rétablit tout à l’heure ; 

La moindre brèche n’y demeure 

Sans qu’on y touche incessamment 

… » 

- Jean de la Fontaine, Voyage en Limousin